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LA TERRE D’ALSACE

Marseillaise que Rouget de l’Isle a chantée pour la première fois à Strasbourg ; en garnison, ils chantent le fameux refrain : Dieu le Père a un filsQui s’appelle Napoléon ; au bivouac, à la veille des batailles, ils chantent les vieux airs du pays. Pas de famille alsacienne qui ne compte parmi ses ancêtres un soldat de la Grande Armée : une croix, un sabre, un morceau d’uniforme, un shako, un état de service : ce sont nos quartiers de noblesse.

Vers la fin du dix-huitième siècle, un jeune officier strasbourgeois, nommé Keck, obtint la fille du riche brasseur, son voisin, à condition qu’il démissionnerait et deviendrait lui-même brasseur. L’amour l’emporta : on célébra les noces et on ne tarda pas à baptiser trois filles auxquelles la prospérité de la brasserie laissait espérer de riches dots. Cependant quand les bulletins de la Grande Armée parvenaient à Strasbourg, l’âme du brasseur Keck prenait le deuil. Un beau jour il disparut et on n’eut plus de ses nouvelles.