Page:Acker - Petites Confessions, sér1, éd3.djvu/76

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Jamais de jaquette, jamais de faux-col. Un complet flanelle, voilà tout.

— Mais pourtant, vous voyagez beaucoup. Vous êtes allé à Berlin, à Dresde, à Munich, vous devez aller à Pétersbourg, à Londres. La trépidation des trains, voilà qui n’est pas bon...

— Je déteste les voyages. Je ne les entreprends que forcé. Je n’en aime que le retour.

— Alors, vous voyagez uniquement pour revenir ?

— Presque. Ainsi, quand je quitterai la Russie, chaque tour de roue me causera un exquis plaisir, puisqu’il me rapprochera un peu plus de ma Touraine. Je goûterai bien mieux le charme de mon chez moi ; ce sera comme un renouveau.

Brusquement, comme les petits yeux de M. Capus devenaient rêveurs, on entendit une grosse voix, puis un gros homme court se montra, les mains encombrées d’un dossier où se lisaient ces mots : « Le Beau Jeune Homme. » M. Capus se leva de la table, prit le dossier, demeura un instant fort embarrassé du fardeau, puis le posa sur un bureau. Midi sonnait. Le téléphone rappela une invitation à déjeuner. M. Capus coiffa sa tête d’un chapeau rond, enfila un pardessus et sortit. Rieuses, des ouvrières quittaient l’atelier, animant les rues de leur joie de prisonnières échappées, des cochers s’injuriaient, et placides, des sergents de ville levaient, sans trop croire à leur puissance, leur bâton blanc. On eût dit, tant le ciel était léger, une matinée de printemps et, doucement