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IRÈNE ET LES EUNUQUES

D’autre part, n’ayant pu s’approprier les registres des contributions que l’on avait détruits, sauf quelques exemplaires cachés sur l’ordre de Staurakios, les nouveaux percepteurs réclamaient à tort l’impôt, et molestaient, sans raison équitable, les marchands, les propriétaires, les cultivateurs. Dépourvus de renseignements précis, égarés dans ce désordre administratif, malmenés par les accusations des citoyens, harcelés par les cupidités de la cour, les fonctionnaires prirent le parti de la rapine afin de fournir au fisc les sommes nécessaires. Le mécontentement s’accrut. Serantopichos fut lui-même bafoué dans la rue un matin qu’il voulut entonner l’éloge d’Alexis.

Mais le Drongaire était homme de ressources. D’abord il s’associa pour administrer les finances, Nicéphore, de Séleucie, cet obscur épistate de l’Hippodrome qui, sans titre évident, régissait, depuis quelques mois, par la seule influence de son habileté reconnue, les choses du cirque. Pharès l’ayant distingué, l’avait commis aux dépenses spéciales que nécessitait l’entretien du Pî, de ses gardes et de ses hérauts. On ignorait tout du bonhomme, sinon qu’il était la ruse et la prudence mêmes, la clairvoyance aussi. Plutôt ami des Iconoclastes, sans blâmer d’ailleurs trop le gouvernement d’Irène, il jugeait pertinemment et drôlement les actes des uns, des autres. Frappé de son astuce, Alexis pensa qu’il serait l’Euthychès du nouveau régime. Tout d’un coup et pour se l’attacher par la reconnaissance, en l’intronisant dans une