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IRÈNE ET LES EUNUQUES

charge inespérée, il l’amena de l’Hippodrome aux bureaux du grand Sacellaire.

Nicéphore ne se laissa point éblouir. Remerciant l’Empereur, il fit comprendre, dès la première audience, que son emploi n’était guère facile à remplir dans de pareilles conditions, et que, l’honneur à part, il eut préféré ses calculs anciens relatifs aux travaux des maçons, aux devis des architectes, aux fourrages des grainetiers, aux fournitures des carrossiers et selliers. Le dos rond, l’air morose, l’œil petit et perspicace sous les touffes de sourcils épais, il inspectait malicieusement les visages de ses interlocuteurs, puis faisait l’humble et le confus, se fardait de tristesse et d’ennui.

Il réussit, toutefois, à rassembler les sommes indispensables pour une expédition de printemps contre les Bulgares. Alexis préconisait cette diversion au deuil public. Constantin voulut essayer les forces de sa cavalerie. Elle rencontra les Bulgares non loin du château de Probaton au bord du fleuve de Saint-Georges, mais ne put se déployer sur la rive trop étroite. Les masses de ses escadrons furent décimées par les flèches des archers. Maints pelotons culbutèrent dans les fosses creusées à l’avance, ou s’enlisèrent dans les prairies marécageuses. Nul ne put atteindre un ennemi défendu par les eaux, et solidement établi dans les broussailles de la berge adverse. On ne sut forcer le passage. Il fallut retourner sans honneur à Byzance.

Nicéphore dut s’évertuer afin de réunir les fonds