Page:Adam - La Morale des sports.djvu/419

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coins des paupières, un point relevant les commissures de la bouche, indiquent presque toujours la clairvoyance et la malice des personnages. Ayant appris ce que les arts réalistes dénoncent du caractère exact caché par l’hypocrisie de la mine, les adolescents s’évertuaient à mieux atteindre la vérité de toutes choses. Quand, à leur tour, ils burinaient le cuivre, sculptaient l’ivoire, coulaient le bronze, étalaient l’or sur les laques, ou bien éditaient dans leur menu jardin une carte de la province avec ses montagnes, ses forêts, son fleuve, réduits à l’échelle de quelques mètres carrés, cette coutume d’application augmentait le talent général de la race. Elle s’orientait vers le difficile, elle s’habituait à le vouloir vaincre. Cette obstination engendrait les chefs-d’œuvre de l’élite, et façonnait le caractère opiniâtre de la foule.

L’obstination dans la recherche curieuse des formes, des couleurs, un entrain pour imiter le ciel sur le papier de riz et le vol des hérons sur les étoffes brodées, une émulation afin de provoquer la surprise joyeuse, l’émotion admirative, ou simplement le sourire de l’aise : ce furent les qualités values par la pratique des arts et qui préparèrent les Japonais à l’extraordinaire effort historique réalisé depuis trente ans. De l’estampe exacte à l’épure correcte, du calcul empirique aux algèbres théoriques, du tour de main habile en usage parmi les brodeurs aux gestes mathématiques des ajusteurs mécaniciens, la transition fut commode lorsque les missions envoyées en Amérique et en Europe eurent rapporté les théorèmes essentiels, les modèles, les livres didactiques.

Oui, l’art est le meilleur excitant des intelligences paresseuses. Un enfant rebelle à toute étude peut s’intéresser