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la morale des sports

cependant aux tableaux d’un musée, aux chansons des opéras, aux histoires contées par les littératures. Tel qui refuse de connaître la syntaxe, d’abord, finira par en être curieux si le nombre et la variété de ses lectures l’induisit à comparer les styles des auteurs, leurs manières. À considérer les tableaux historiques, le plus sot des paysans veut savoir ce qu’ils représentent ; il requiert des explications, des leçons, tandis qu’à l’école il ne veut rien apprendre sur les rois de France, leurs guerres, leurs chronologies. L’art convie à la science.

J’ai connu plusieurs jeunes gens presque illettrés, en dépit des pensums à eux prodigués durant les époques du collège, mais qui, devenus amoureux de jolies filles, aimèrent chercher dans les musées les femmes peintes ressemblant à leurs maîtresses. Ils s’accoutumèrent là, s’y plurent, apprirent tout naturellement à discerner les œuvres des maîtres, leurs façons de travail, celles des écoles. Amusés, ils discutèrent entre eux les gloires et, pour se convaincre, parcoururent les articles de l’Encyclopédie. La vie des maîtres tenta leur curiosité. Ils lurent les biographies, ensuite les annales des temps où ces écoles florissaient. Aujourd’hui, ces messieurs forment une grave société qui rassemble les documents inédits sur la Renaissance, qui fouille les bibliothèques, correspond avec les académies italiennes, allemandes, espagnoles, anglaises et publie de volumineux mémoires que primera l’Institut. Sans le savoir, ils ont fait de la science historique parce que leurs maîtresses avaient la taille des anges que le Pérugin colora.

L’emprise de l’art est sournoise, mais tenace. D’autres se laissent séduire par la chanson de la rue. Ils écoutent