Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/119

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on s’y exaltait avec les vieux, tantôt on s’y réfrigérait avec les jeunes.

Mme d’Agoult nous dit un jour, à Ronchaud, à Grenier, à Tribert et à moi :

« Un salon politique ne peut se maintenir qu’à la condition que ceux qui le fréquentent aient des principes communs, qu’on s’y intéresse à la fois au passé dans les hommes qui survivent, au présent par les hommes qui agissent, au futur par ceux que le passé et le présent forment d’un commun accord pour les dresser en vue de l’avenir ; mais quand ce sont les couvées qui entendent morigéner pères et grands-pères, tout est sens dessus dessous.

— Les recrues veulent commander, reprenait Tribert. Elles ne songent qu’à occuper la place, à l’assaut des positions, à leur destruction, sans souci du relèvement des forteresses pour les défenses futures.

— L’époque héroïque de notre parti semble se clore, disait Ronchaud. La jouissance du pouvoir rend nos ennemis plus doux, mais cette jouissance tranquillisée fait naître plus d’envieux.

— Les « jeunes », ajoutai-je, songent bien moins à rendre la France à la France qu’à renverser l’Empire pour le remplacer. »

Mme d’Agoult, malgré les résistances de Ron-