Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/124

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biographies sous le titre de Galerie de contemporains. Mirecourt s’adressait à l’auteur pour des renseignements. Si on les lui donnait, il les travestissait ; si on les lui refusait, il vous traînait dans la boue. Ce malfaiteur savait son métier d’écrivain ; méchant, spirituel, ses petits volumes contenant chacun une biographie étaient très lus. Cependant, les procès ruinant son éditeur, il commençait à s’assagir.

Je reçus une lettre de Mirecourt dans laquelle il m’appelait « mon chère confrère », ajoutant qu’il venait de publier des lettres à Proudhon, et qu’un tel élément de sympathie m’obligeait à le recevoir ou à lui envoyer des documents pour ma biographie.

J’en parlai à M. Fauvety, qui me conseilla de ne pas hésiter à satisfaire cette « bête venimeuse ».

Ayant vu le soir même Mme d’Agoult, je pris son avis sur la question Mirecourt, sachant qu’elle aimait à me guider.

« Surtout ne répondez pas à cet homme disqualifié, mon enfant, me dit-elle, ce serait vous compromettre. La vie de Paris est pleine d’embûches. Soumettez-moi vos hésitations sur toutes choses, je prendrai plaisir à vous faire bénéficier de ma connaissance des hommes et de mon expérience parfois durement acquise. »

Mon affection pour Mme d’Agoult se doublait de reconnaissance, car elle prenait la peine de faire d’une petite provinciale une dame. Je ne