Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le royaume d’Italie », si mutilé et si cruellement occupé par l’ennemi.

Dans toutes les fêtes élégantes, dans les théâtres, tragédie, comédie, musique légère ou dramatique exaltaient ou les lettres, ou les arts, ou le patriotisme italiens.

À Venise, à Milan, de la plus grande dame à la plus misérable femme du peuple, du plus grand seigneur au dernier facchino, tous étaient prêts à se faire hacher plutôt que d’avoir un rapport quelconque avec il straniero.

Jamais, durant l’occupation autrichienne, on ne vit une seule fois un seul Italien, et cependant Dieu sait s’ils aiment la musique, écouter un air joué par les militaires « étrangers ».

Un homme qui faisait peu de bruit, mais grande et profitable besogne, un Génois — c’est dire son habileté — Alexandre Bixio était auprès de Napoléon III, et, par son meilleur ami Prosper Mérimée, auprès de l’Impératrice, le porte-parole de M. de Gavour.

L’influence d’Alexandre Bixio sur notre milieu abstentionniste devenait chaque jour plus considérable. L’un des défenseurs de l’ordre en juin 1848, Edmond Adam et lui, sans armes, étaient montés à l’assaut de la barricade Saint-Antoine. Frappé d’une balle en pleine poitrine, Bixio resta parmi les morts. Pleuré, son service funèbre commandé, son deuil déjà porté, il se réveilla après huit jours de délire chez une concierge qui l’avait recueilli.