Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/260

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— Sans, trop de crainte d’être blâmé par M. de Cavour, ajoutai-je en riant.

— Et, joyeux, continua Nino sans me répondre, nous reprîmes la mer. La route tracée par Garibaldi était merveilleuse, car elle nous maintenait entre la voie suivie par les vaisseaux de grande navigation et celle des petits bricks. Nous ne pouvions, de la sorte, être découverts. Garibaldi, ajoutait Nino, se montrait par là le plus grand amiral des temps modernes.

« Et voilà ce qui rendit beaucoup plus terrible et plus imprévue l’une de nos rencontres. Garibaldi m’avait donné l’ordre de ne point me servir des signaux ordinaires, surtout pas de cloche, pas de lumière.

« Le Milanais filait deux nœuds de moins que le vapeur dirigé par Garibaldi, parti d’un autre point d’embarquement que nous.

« Garibaldi, s’étant endormi, avait oublié de dire à bord qu’il ne fallait ni fanal ni cloche. Le capitaine qui s’improvisa durant le sommeil du chef fit allumer et sonner…

« Nous nous trouvons tout à coup en face d’un autre vapeur marchant dans notre ligne et qui ne pouvait être qu’un ennemi. À l’instant,je songe à l’abordage ; je chauffe mes compagnons, je les prépare au combat. Durant ce temps, le capitaine du vaisseau de Garibaldi s’aperçoit qu’un bâtiment sans lumière, sans cloche, marche dans ses eaux ; il trouve son