Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les manieurs d’argent, et les affaires se ressentent de cet état d’esprit.

« Tout allait mal jusqu’ici, parce qu’il n’y avait de soupape à rien. Chaque vapeur se concentrait et tendait à faire sauter la marmite. Mais voici les décrets, ouf ! on va pouvoir entendre le glouglou de l’eau qui bout avec une issue. Vous parliez tout à l’heure de Morny avec mépris, mon cher Carnot ; oui, je sais, il a fait le 2 décembre qui m’a exilé comme les camarades, mais Morny comprend aujourd’hui qu’il nous faut le régime libéral ; il nous répète à nous, les prévoyants et les sages, qu’il s’agit de conquérir la liberté pacifiquement, sans luttes, sans réaction fatale, que quand on acquiert la liberté par la Révolution, on en abuse et on la restreint.

« Je vous le dis en vérité, ajouta Girardin, la liberté octroyée par la tyrannie est la meilleure de toutes.

« — Puisque vous me citez Morny, le plus délié des impérialistes, répliqua Carnot, je vous citerai, moi, Challemel, le plus délié des républicains : « En vérité, dit-il, j’admire ces assassins qui prétendent bénéficier de la résurrection de l’assassiné ; l’Empire ne sera jamais la liberté, affirme Challemel, c’est la guerre insensée, constante, c’est l’invasion finale, » et moi, continua Carnot, j’ajoute aux imprécations de Challemel : L’Empire, c’est la démoralisation léguée aux pouvoirs qui lui succéderont,