Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/302

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car on hérite de ses ennemis même vaincus, ne serait-ce que le terrain sur lequel on les a combattus.

« — Pouvez-vous renverser l’Empire à vous tout seul, Carnot, ou avec Ronchaud et avec le millier qui reste de républicains ? Non, n’est-ce pas ? Eh bien, moi, j’aime autant pourrir que moisir. Pour avoir la liberté, je fais comme Ollivier, je m’entends avec Morny, qui seul peut arracher cette liberté à l’Empereur, car il est le plus habile, le plus vaillant, le plus politique de ceux qui l’entourent.

« — Parbleu, dit Carnot, Napoléon III est acculé en politique intérieure, extérieure, en finances, et il voit la nécessité de faire partager aux Chambres ses responsabilités. Il s’aperçoit que le bon plaisir est une trop lourde charge et il veut compromettre avec lui le parti le plus honnête qu’il y ait jamais eu : celui de 1848. Grâce à Ollivier, il mord sur nous. N’est-ce pas une honte que d’entendre le fils d’un proscrit du 2 décembre inviter Napoléon III à devenir « l’initiateur des libertés françaises », lui qui a noyé ces libertés dans le sang ? N’est-il pas révoltant de voir l’un des nôtres décerner à l’homme de Strasbourg et de Boulogne le titre de « héros légendaire » et le louer publiquement de sa « générosité » ; l’humiliation pour le parti auquel appartient Emile Ollivier est par trop cruelle. « Initiateur des libertés », un Napoléon III, un Morny, un prince Napo-