Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/347

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l’autre dans ma main gauche, puis lentement aussi, fixant mes yeux sur les siens, je reprends Mon Village, et très près de lui :

« Vous n’êtes pas Français, » dis-je.

M. Thiers avait dépeint Blanqui comme « le plus coupable et le plus scélérat de tous. »

Non, cet homme avec ce visage ne pouvait être un scélérat ; c’était un révolté, et il avait le droit de l’être, un orgueilleux qui ne résistait pas à la violence d’un emportement.

Mme d’Agoult fut indignée tout d’abord de la scène que je lui contai, puis elle se calma et me dit :

« Il n’aurait pas fait cela s’il avait lu mon livre. »

Ce petit voyage par le froid me fit grand mal. J’en rapportai un gros et vilain rhume et je fêtai tristement la nouvelle année, malgré ma joie d’être auprès de mon père et de ma fille.

Je travaille avec difficulté. Je ne suis pas malade. Je tousse seulement d’une toux qu’aucune médication ne calme. Je me sens une langueur telle que je n’ai plus de courage pour rien faire. Je crache un peu de sang, mais je ne le dis pas à mon père dans la crainte de l’effrayer. Dès que je serai moins abattue, j’irai consulter mon cher docteur Gabarrus.

Ma cousine Vilbort est au désespoir ; elle