Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/348

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m’écrit que les Français, décidément, sont idiots ! Ils sifflent Wagner, passe encore, c’est un étranger, et on a pu trouver une excuse à l’incompréhension parisienne, mais About, l’esprit le plus boulevardier, le plus original, parisien entre tous, ne vient-on pas d’empêcher la représentation de sa pièce à l’Odéon ? Or, Gaétana est tout simplement adorable, me dit Mme Vilbort, c’est une pièce spirituelle, goguenarde, fantaisiste, à la fois drame, tragédie, comédie, avec une jolie nuance de septicisme, de l’imprévu, enfin tout ce qu’aime Paris. On a hurlé, on n’a voulu rien entendre. La jeunesse cléricale a sifflé l’anti-cléricalisme du Palais-Royal dans l’ami du prince Napoléon, l’ennemi du pouvoir temporel dans la personne d’About ; la jeunesse républicaine a sifflé le rédacteur du Moniteur, l’ami du promoteur de l’Empire libéral.

Voilà que cette guerre du Mexique affole l’opinion. Le débarquement des troupes françaises à la Vera-Cruz provoque les récits les plus extravagants sur les combinaisons financières véreuses que cache l’expédition. Mes amis m’écrivent chacun leur version ; ma série est complète.

Je sens mon mal croître. Toutes les nuits j’ai la fièvre et mes crachements augmentent. Comment aurai-je le courage de désespérer mon père en lui disant ce que j’éprouve ? Je dois être très malade.