Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/384

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de Jérusalem, un architecte appelé Hiram, comme lui, et qui fut assassiné par ses ouvriers. Cette histoire est devenue un mythe pour la franc-maçonnerie. Je crois bien que ce mythe, dans l’esprit de Massol, de Brisson, de Caubet, de Clavel, signifiait que, quand le temple de Jérusalem serait reconstruit, il faudrait assassiner, comme un simple Hiram, le Grand Architecte de l’univers. Durant plusieurs années de ma vie le nom d’Hiram a bien des fois sonné à mes oreilles.

Autant Gambetta, l’autre jeune dont on parlait, était débraillé, embroussaillé, autant Brisson était soigné, impeccable. Il avait, lui, toutes les tenues, et celle à laquelle il accordait le plus de soins était celle de son caractère.

Brisson a-t-il jamais ri de ce bon rire qui est le propre de l’homme ? Je ne le crois pas. Son « caractère » n’était pour lui un « caractère » qu’à la condition d’être grave, austère, inquiet de toutes les inquiétudes que peut avoir un homme désireux de libérer, en sa courte vie, la pensée humaine de la mainmise religieuse depuis les siècles des siècles, car, jusqu’à la « Morale indépendante », il y a toujours eu des religions, et mon ami Renouvier dit même qu’elles n’ont cessé de correspondre à l’état de l’ignorance ou de la science.

Brisson en restait à la littérature politique qui donne pour adversaires aux libres penseurs un Rodin, un jésuite. Il souffrait de ce dont