Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/385

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nous souffrions tous, de la tyrannie de l’Empire, et, en outre, de ses craintes personnelles. Massol était plutôt gai, malgré le poids de la pensée humaine qu’il tenait à alléger de ses scories. Caubet bavardait volontiers de choses et d’autres. Clavel s’amusait d’un rien, comme un enfant, surtout si on faisait avec lui une partie de campagne. Il courait après un papillon, grimpait et dégringolait pour cueillir une fleur. Brisson restait Brisson partout. Son plus grand défaut était de regarder en soi et jamais dans les autres. Tant que les événements, comme alors, gravitaient dans le même sens d’attaque, c’était très bien, parce qu’il fallait, bon gré mal gré, marcher en troupe, et Brisson combattait le combat de l’opposition tout aussi bien qu’un autre ; mais il ne devait jamais croire à la victoire remportée. C’eût été trop gai. 11 s’acharnera après les cadavres, et au besoin ferraillera contre des ombres.

Ma vieille Beuque aimait beaucoup Brisson, mais elle ne le trouvait pas assez «jeune ». Elle le disait à Massol, qui, premier admirateur de Brisson, répondait : « Comment voulez-vous ? Il porte le poids de l’obscurantisme. »

Mme Sand m’envoie, retour de Nohant, Marchal le peintre, que je connais, pour me dire qu’elle aime « tout plein », c’est une locution de Berri, mes Récits d’une Paysanne. Elle est, paraît-il, curieuse de voir comment, si passionnée du Nord, je vais peindre le Midi, car elle