Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/93

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est, de par la loi, irréalisable. Vous savez bien, je vous l’ai déjà dit, que dans chacun de mes actes j’ai toujours le Code en mains. »

Il y avait, au rez-de-chaussée de notre maison, en face des Magasins du Louvre, un petit libraire chez lequel j’achetai fréquemment des livres pour mon père. Il s’appelait Taride. Serait-ce l’éditeur connu qui porte aujourd’hui ce nom ?

J’entrai et je lui dis :

« Telle que vous me voyez, monsieur Taride, je suis l’auteur d’un livre que je crois bon, mais je ne trouve pas d’éditeur. Je ferai les frais de ce livre : voulez-vous l’éditer ?

— Pourquoi pas, madame ? Inconnus tous deux, moi comme éditeur, vous comme auteur, nous ne courrons même pas le risque d’un insuccès, que nul ne saura.

— Je vais vous chercher mon manuscrit. »

Et nous le portons à un petit imprimeur, inconnu, lui aussi ; nous faisons nos prix, et nous enlevons le volume !

Moyennant 700 francs, cinq cents volumes me furent promis. Taride me conseilla, pour cent autres francs, de faire clicher.

« Si par hasard cela se vend, me dit-il, nous pourrons tirer plus vite et moins cher d’autres éditions. »

Jamais, à cette époque, personne ne s’était avisé de faire paraître un livre en plein été. Taride me conseillait d’attendre l’automne pour