Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Mais, mon bon Lully, c’est impossible… huit jours ! et puis le Temple de la Paix ; que diable voulez-vous que je fasse là-dessus ?

— Oh ! mon Dieu ! il n’y a rien de si facile… le Temple de la Paix ?… Voyons… D’abord la scène représente le théâtre de la guerre. La première entrée, ce sont des guerriers qui frappent sur leurs boucliers, cela fera un très-bon effet, et puis Mars viendra chanter un air où il dira :

Je suis le plus cruel des dieux,
Je porte la mort en tous lieux.

Deuxième entrée, des guerriers avec des javelines. Chœurs de bergers éplorés, de bergères désolées, d’amours échevelés et de grâces désespérées. Le fond du théâtre s’ouvre, la paix descend du ciel, dit qu’elle vient rendre le bonheur à la terre ; un ou deux changements à vue, une chaconne, trois menuets, une gigue, une courante, deux rigaudons, une passe-caille, et puis le chœur final :

Dansons, chantons tous à la fois,
Louis est le plus grand des rois.

Cela sera magnifique, et nous aurons le plus grand succès.

— Allons, fou que vous êtes, croyez-vous avancer la besogne avec toutes ces balivernes ? Parlons un peu raison, si vous en êtes capable un instant.

— Voilà ce qu’il convient de faire, dit sérieusement