Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/173

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savoir si c’étaient des comédiens : la conversation roulait effectivement sur le théâtre.

— Aurons-nous une troupe passable cette fois-ci ? disait l’un d’eux.

— Hum ! je n’en sais trop rien, reprenait l’autre, beaucoup de noms inconnus : il faudra voir. Mais d’abord. Messieurs, pas d’indulgence dans les débuts : il en coûte trop cher d’accueillir facilement des chanteurs médiocres ; il y a des personnes qui disent à la première fois : Oh ! il ne chante pas très-bien, parce qu’il a peur, mais la confiance viendra, et il vaudra mieux ; et puis ils applaudissent. Je ne suis pas du tout de cet avis-là. Nous avons eu des acteurs à qui, apparemment, la confiance n’est jamais venue, car ils chantaient aussi mal à leur clôture qu’à leurs débuts. Tant pis pour les poltrons ; d’ailleurs les acteurs sont assez chers à présent pour que nous nous montrions un peu difficiles, et puisqu’on les paie si bien, ils n’ont pas le droit d’avoir peur.

— C’est parfaitement juste, reprit un troisième interlocuteur, et les nouveaux venus n’auront qu’à bien se tenir.

Ces propos ne paraissaient pas fort rassurants à notre pauvre jeune homme ; il se faisait le plus petit qu’il pouvait dans son coin, le nez baissé sur son journal qui avait l’air d’absorber toute son attention.

— À propos, reprit un de ces voisins, qui donc aurons-nous pour Martin ?

— Oh ! mon cher, répondit l’autre, ce sera détestable, je le parie, personne ne sait qui il est, ni d’où