Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/175

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tretien qui se fit alors à voix, basse, de sorte que notre pauvre artiste n’en pouvait saisir un mot. Petit à petit, cependant, les voix s’élevèrent un peu, et il put comprendre que c’était de lui qu’il s’agissait.

— Ce doit être lui, disait l’un.

— Parfait, reprenait l’autre.

— Hein ! quel physique !

— C’est un gaillard bien découplé.

— Oh ! c’est charmant ; pour celui-là, je suis bien sûr de son succès sans l’avoir vu jouer.

— Nous ne pouvions rien espérer de mieux.

— Oh ! il y a vingt rôles où il sera excellent ; je voudrais déjà y être.

Ces paroles encourageantes avaient tout à fait dissipé les alarmes du jeune homme.

— Diantre ! se disait-il, il paraît que je fais de l’effet ici : eh ! bien, ce n’est pas trop mal commencer. Et sa figure, de sombre qu’elle était auparavant, était devenue riante et tranquille. Il s’était fait donner un jeu de dominos, et bâtissait des maisons et des pyramides à sa petite fille qui riait aux éclats, quand elle renversait les édifices que son père élevait devant elle.

Cependant d’autres jeunes gens étaient entrés dans le café, et s’étaient approchés du groupe des joueurs.

— Venez donc, disaient ceux ci aux nouveaux venus, en voilà déjà un d’arrivé : et pour celui-là, je crois que nous en serons enchantés.

— Où donc est-il ?

— Là, dans le coin avec cette petite fille.

— Eh ! bien, qui est-ce ?