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FIANCÉS

Le marquis écoutait, hochant de la tête, et regardait du coin de l’œil Contarinetta, toute émue…

— Eh bien ! vous n’avez pas mauvais choix, mon gaillard. Peste, je crois que la belle vous sied. Hé ! hé ! Ninette…

Mais Ninette se taisait et de ses doigts effeuillait une fleur. Lents, les pétales tombaient un à un sur le parquet vieilli. Un instant le silence fut tel que Jacques n’entendit plus que ces fleurs dépouillées et que son cœur palpitant.

Il reprit… J’ai ma jeunesse, mon nom et la fortune qui, plus tard, doit me revenir. Nom et fortune, je n’en parlerai pas. Un seul don sera peut-être précieux à Ninette, ma jeunesse, que je lui offre.

D’autres vous diront, Monsieur, que ma jeunesse est ma faute, et que l’on ne se marie pas, encore enfant, à peine un homme. Mais, au contraire, c’est parce que je sens des trésors d’enthousiasme et de vie dans mes veines