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L’HEURE DU BERGER

fortants, plus rien ne la réchauffe. Quelquefois son lit l’étouffe, elle est toute en sueurs. Mais elle a froid encore. On dirait que, depuis la mort de son amour, son cœur s’est lentement amoindri comme la sensitive, lorsqu’on la touche du doigt. On dirait que ce cœur s’est amoindri et laisse maintenant une place vide, un trou. Et c’est ce trou qu’on ne parvient pas à combler.

Lanlaire la tralala ! La gavotte a cessé. Le palais reprend son air morose. Les trumeaux ne se cambrent plus, les glaces redeviennent ternes et les dalles branlent lorsqu’on marche. Grand-père va venir… quel bonheur. Elle aura une mine vaillante et répondra d’un ton léger aux questions hésitantes du marquis. As-tu bien dormi, petite ? — Ah si j’ai dormi grand-père, mais je t’ai tout le temps parlé en rêve. Et puis je t’entendais jouer de l’épinette, si divinement !… — Mais voyez-vous la jolie masque ? J’en ai joué Lanlaire la tralala !

21.