Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/299

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
287
LÉVRES CLOSES

voix qui psalmodient et ces clochettes qui tintent… Et il n’ose pas bouger de peur qu’elle ne comprenne. Le prêtre… les sacrements… le viatique… l’éternité ! Un élan le bouleverse, une fureur véhémente de barrer le chemin au Christ. Pourquoi Dieu laisse-t-il mourir Ninette… Pourquoi Dieu la prend-il ? Elle était si pure, si chaste, si innocente. Oh ! malédiction. Et les voix qui étaient disparues sous le porche se rapprochent. Ils montent l’escalier. Qui ? La mort, l’agonie, l’adieu pour toujours, l’oubli. Ce ne sont pas des prêtres. Ce sont, affublés de chasubles et d’étotes, des fantômes dont les os en marchant cliquettent comme des squelettes qu’on touche. C’est le cercueil, le tombeau, les planches noires qui vont la recevoir, l’étouffer, l’étreindre… Oh, pitié… pitié !…

Mais voici que dans l’esprit de Jacques, l’aurore a lui, la divine aurore. Non, Ninette ne connaîtra pas la lugubre étreinte, l’oubli l’épargnera, et ce n’est pas vers la mort qu’elle va, ni