Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/300

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
288
NOTRE-DAME DES MERS MORTES

vers la terre. Blanche, comme les vierges protectrices de ses aïeux, impolluée comme les sveltes lys, elle ne descendra pas en terre, elle va monter au ciel… Un départ d’hirondelles ! Il faisait trop froid pour elle. Sa petite âme aime le bleu. Elle retrouvera ses yeux parmi les astres, ses ailes, — car Ninette sera, comme avant de naître, un ange — palpiteront à la droite de Dieu, et ses doigts, trop fragiles pour les tendresses humaines, feront résonner des lyres en céleste harmonie. Ninette monte au ciel…

Les voix, toujours les voix et un murmure de chapelets qu’on égrène. La grande croix grecque sonne sur les dalles du palais. Grand-Père sait qu’ils sont là. Il est venu s’asseoir près d’elle et près de Jacques et ses pauvres yeux sont pâlis par les larmes. Son jabot est si fripé, si lamentable… lui qui parlait dentelles autrefois. Et ses doigts tout ankylosés, maladroits subitement, ne connaissent plus, ne connaissent plus les gammes. Le timbre chante.