Page:Adolphe Orain - De la vie à la mort - Tome second.djvu/115

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« Changeons de costume : donne-moi tes hardes, prends les miennes et décampe au galop. »

La jeune fille ne se le fit pas répéter deux fois. Elle s’empara des culottes que José lui tendait, les mit comme si elle n’avait fait que ça toute sa vie, endossa le gilet, le touron, et enfin se coiffa du chapeau à larges bords, qui acheva de la transformer complètement. Elle descendit ensuite prestement l’escalier et se sauva sans être reconnue.

Le petit couturier, resta dans la chambre, et procéda à une toilette minutieuse. Il achevait de se lisser les cheveux en bandeaux lorsque la servante, inquiète de ne pas le voir revenir, monta l’escalier. Le gars qui l’entendit prit aussitôt son mouchoir pour se cacher la figure et fit semblant de sangloter.

La fille ne se douta de rien, et crut que le fiancé était parti. Elle allait même adresser des consolations à la pauvre enfant qui fondait en larmes, lorsque les voix retentissantes des rouliers la rappelèrent à l’office. Elle sortit précipitamment de la chambre en fermant la porte à clef.