Page:Adolphe Orain - De la vie à la mort - Tome second.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dit un bruit inexplicable. Il lui semblait qu’on étrillait une de ses bêtes, qu’on ouvrait et fermait le coffre à avoine, et enfin qu’un cheval mangeait le grain qu’on lui donnait.

Le matin, il remarqua que le cheval gras avait le poil lisse et les crins de la crinière tressés.

Plus de doute, c’était le lutin dont Jean Delamarre avait souvent entendu parler.

Que faire ? Ma foi, le roulier coupa la crinière du cheval, ce qui devait, selon lui, empêcher le lutin de le monter et de l’aller promener dans les prés, comme il le faisait sans doute pendant le sommeil du maître.

Delamarre ne tarda pas à se repentir de ce qu’il avait fait. Quand le lutin fut pour tresser la crinière de son cheval favori, et qu’il ne la trouva plus, il devint furieux. Il gravit les échelons de l’échelle conduisant au lit du roulier et se mit à le pigaler[1] de telle façon que le lendemain le pauvre diable eut le corps brisé, moulu, et qu’il fut dans l’impossibilité de se livrer au travail.

La nuit suivante, il en fut de même.

  1. Piétiner.