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de l’official, qui enjoint aux hurebets de se retirer dans six jours des vignes et territoires de Villenauxe, même de tout le diocèse de Troyes, avec déclaration que si dans le terme prescrit ils n’obéissent pas, ils sont déclarés maudits et excommuniés. Au surplus enjoint aux habitants d’implorer le secours du ciel, de s’abstenir d’aucuns crimes, et de payer sans fraude les dimes accoutumées[1]. »

Procès intenté en 1585 aux chenilles du diocèse de Valence. Ces chenilles s’étaient tellement multipliées en cette année dans cette contrée, que les murailles, les fenêtres et les cheminées des maisons en étaient couvertes, même dans les villes. « C’était, dit Chorier, une vive et hideuse représentation de la plaie d’Égypte par les sauterelles. Le grand vicaire de Valence les fit citer devant lui ; il leur donna un procureur pour se défendre. La cause fut plaidée solennellement ; il les condamne à vider le diocèse, mais elles n’obéirent pas. La justice humaine n’a pas d’empire sur les instruments de la justice de Dieu.

« Il fut délibéré de procéder contre ces animaux par anathème et par imprécation et, comme l’on parlait, par malédiction et par excommunication. Mais deux théologiens et deux jurisconsultes ayant été consultés, ils firent changer de sentiment au grand vicaire, de sorte

  1. Somme décisoire de questions ecclésiastiques, par Jean Rochette, avocat et conseiller à la prevosté de Troyes, imprimée en 1610 ; in-8o. Saint-Foix (Essais sur Paris, t. I, p. 176, de l’édition de 1776) raconte aussi le même fait, mais avec moins de détails. Grosley, dans ses Éphémérides, édition donnée par Paris Dubreil, Paris, 1811, t. I, p. 168, a rapporté le texte latin de cette sentence.