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que l’on n’usa que d’abjuration, de prières et d’aspersion d’eau bénite. La vie de ces animaux est courte, et la dévotion ayant duré quelques mois, on lui attribua la merveille de les avoir exterminés[1]. »

Un savant théologien qui vivait au seizième siècle, Navarre, dont le vrai nom était Martin Azpilcuela, rapporte qu’en Espagne un évêque excommunia du haut d’un promontoire les rats, les souris, les mouches et autres animaux semblables qui dévastaient les blés et autres fruits de la terre, leur commandant de sortir du pays dans trois heures pour tout délai, et qu’au même instant la plupart de ces animaux s’enfuirent à la nage dans une île qui leur avait été désignée, se faisant un devoir d’obéir au commandement de l’évêque[2].

Ainsi, d’après le texte des diverses sentences que nous venons de rapporter, l’excommunication était ordinairement précédée de monitions, c’est-à-dire d’avertissements donnés aux animaux de cesser leurs dégâts ou de quitter le pays. Ces monitions étaient faites par les curés des paroisses. Le plus souvent elles étaient au nombre de trois ; entre chacune desquelles on laissait deux jours d’intervalle. Quelquefois aussi on se contentait d’une seule monition, ce qui d’ailleurs est autorisé par le droit canon, lorsqu’il s’agit d’une affaire extraordinairement pressée.

Mais comme il arrivait fréquemment que les moni-

  1. Histoire générale du Dauphiné. Lyon, 1672, in-folio, t. II. p. 712
  2. D. Martini Azpilcuelœ Navarri opera, t. II, consiliorum, lib. v, tit. De sententia excommunicationis, consiliorum, 52, no 7, édition de Venise, 1601, p. 190.