Page:Agnel, Émile - Curiosités judiciaires et historiques du moyen âge - Procès contre les animaux.djvu/46

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l’autre, d’autant plus que ces religieux étaient venus dans le pays par esprit d’obédience pour semer le grain évangélique, et que l’œuvre de leur entretien était agréable à Dieu, tandis que les fourmis pouvaient trouver leur nourriture ailleurs au moyen de leur industrie et à moins de frais. Cet arrêt rendu, un autre religieux, par ordre du juge, alla le signifier au nom du Créateur à ces insectes, en le lisant à haute voix devant les ouvertures des fourmilières. Chose merveilleuse et qui prouve combien l’Être suprême, dont il est écrit qu’il joue avec ses créatures : Ludens in orbe terrarum, fut satisfait de cette demande, immédiatement : It nigrum campis agmen, on vit sortir en grande hâte des milliers de ces petits animaux qui, formant de longues et épaisses colonnes, se rendirent directement au champ qui leur était assigné, en abandonnant leurs anciennes demeures ; et les saints religieux, affranchis de leur insupportable oppression, rendirent grâces à Dieu d’une si admirable manifestation de son pouvoir et de sa providence, »

Manuel Bernardes ajoute que cette sentence fut prononcée le 17 janvier 1713, et qu’il a vu et compulsé les pièces de cette procédure dans le monastère de Saint-Antoine, où elles étaient déposées.

Un autre procès du même genre eut lieu dans le dix-huitième siècle au Pérou. Une excommunication y fut prononcée contre des termites (espèce de fourmis blanches), désignées dans le pays sous le nom de comejones, lesquelles s’étaient introduites dans une bibliothèque et en avaient dévoré un grand nombre de volumes.