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INTRODUCTION.

populaires, s’efforce, depuis 1789, de les faire entrer dans l’état démocratique, de procurer par l’association libre des citoyens un ordre égalitaire capable de suppléer l’ancienne hiérarchie féodale, de reconstituer au moyen du suffrage universel l’autorité sur la raison commune, de substituer au droit divin le droit humain, en un mot d’organiser la démocratie.

Ce serait un travail trop étendu et qui m’entraînerait hors de mon sujet, de rechercher par quelle relation secrète, par quelle nécessité cachée les attaques répétées de la philosophie du dix-huitième siècle contre l’institution de l’église chrétienne atteignaient à leur insu l’institution politique ; comment la négation de la révélation, du péché originel, de l’expiation, de la rédemption, par les souffrances d’un Dieu entraînaient à des négations de même nature dans l’ordre social, et devaient offenser, jusque dans le principe même de son existence, une société qui n’était pas même imaginable sans la souffrance et la résignation du plus grand nombre. Il serait intéressant, à coup sûr, de montrer comment des hauteurs de la spéculation métaphysique l’esprit des encyclopédistes descendit dans la réalité, pénétra nos assemblées politiques et par suite toutes les classes de la société française ; mais sans rattacher ainsi le mouvement de 1848 à ses causes les plus éloignées, il suffira, pour s’en former une idée juste, d’expliquer ses causes prochaines et de rappeler dans son caractère général le règne du roi Louis-Philippe.