Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/31

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parce qu’ils étaient plus nécessaires au salut du pays.

Une autre nécessité encore s’imposa. La construction et l’entretien des digues et des canaux coûtaient énormément. La nature, comme on l’a dit ingénieusement, forçait la Hollande « à vivre avec la mer sur le pied de guerre[1] ». Il fallait donc, il fallait absolument qu’elle fut riche. Mais comment ? Elle n’avait rien ou presque rien à attendre de son sol qui lui refusait les premiers éléments de l’industrie, le fer et le charbon, et jusqu’à la pierre pour construire des demeures. Son agriculture, fort dispendieuse, ne lui rendait pas même le grain nécessaire à sa nourriture. L’Océan et les fleuves l’invitaient à la pêche, à la navigation, au commerce ; elle s’y jeta, et ce fut encore là chez elle une cause d’émancipation pour les villes, de développement pour les classes bourgeoises. Les plus anciennes villes de la Hollande, Dordrecht, Middetbourg, Enckuizen, Amsterdam, Hoorn, Medembtik, furent, au commencement, de petits villages de pêcheurs, habités par des serfs affranchis, vrygemaakte Lieden.

Tout en reconnaissant l’autorité du comte ou de son lieutenant, stadhouder, stede-houder, qui les protégeait contre la noblesse et le clergé possesseurs du plat pays, les villes, promptement enrichies par le commerce, s’administraient selon leurs coutumes, très-semblables aux anciennes lois des Frisons et des Francs. Elles éli-

  1. A. Esquiros. La Néerlande et la vie hollandaise.