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Maurin des Maures


CHAPITRE I


Lequel débute comme un proverbe de M. Alfred de Musset et où le lecteur apprendra que les Provençaux sont les seuls à savoir rire d’eux-mêmes avec un esprit particulier qu’ils nomment la galégeade.


L’homme entra et laissa grande ouverte derrière lui la porte de l’auberge.

Il était vêtu de toile, guêtre de toile, chaussé d’espadrilles.

Il était grand, svelte, bien pris. Ce paysan avait dans sa démarche une profonde distinction naturelle, on ne savait quoi de très digne.

Il avait un visage allongé, les cheveux ras, un peu crépus, et sous une barbe sarrasinè, courte, légère, frisottée, on sentait la puissance de la mâchoire. Le nez, fort, n’était pas droit, sans qu’on pût dire qu’il fût recourbé.

De la lèvre inférieure au menton, son profil s’achevait en une ligne longue, comme escarpée, coupée à la hache.

Sous sa lèvre, la mouche noire s’isolait au milieu