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MAURIN DES MAURES

dentelé de cette terre pareille, pour la dureté, à de la rocaille.

« Les deux mains sur le bois luisant, Magaud, le dos voûté, le front tout courbé vers la terre, parla encore :

« — C’est égal, fit-il, il y a des gens heureux tout de même ! Grâce à moi, qui ai donné le bon conseil, il a eu pourtant, ce Latrinque, cent mille francs au moins de fortune… et rien à se reprocher !  »

M. Rinal ouvrit sa tabatière y puisa une pincée de tabac qu’il y laissa retomber, puis il referma la boîte et frappa sur le couvercle avec impatience.

Maurin secouait la tête.

— Eh bien, Maurin, que dites-vous de celle-là ? interrogea M. Cabissol.

— Je dis, monsieur Cabissol, que lorsque vous nous contez des histoires d’hommes, vous nous réjouissez le cœur, mais si vous vous mettez à nous conter des histoires de cochons, alors ça ne va plus !

— Qu’appelez-vous des histoires d’hommes ?

— J’entends, dit Maurin, des histoires où, même quand ils ne sont pas des saints, les hommes ne sont pas pour cela pareils à de sales bêtes.

— Eh bien, contez-nous en une, de vos histoires d’hommes.

— Ce sera, dit Maurin, une histoire de chasse au canard. Je n’ai jamais beaucoup aimé la chasse au canard, d’abord parce qu’elle se fait dans la fange des marais et que j’aime mieux, de beaucoup, le terrain sec des collines qui chante sous la semelle et d’où l’on voit tout l’horizon lointain, et souventes fois le grand large de la mer… Et puis, si je n’aime pas la chasse au