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MAURIN DES MAURES

— Qu’on nous amène, une fois pour toutes, ce diable d’homme qui fait trop parler de lui ! déclara le parquet.

Toutes les brigades furent avisées et Alessandri trouva des prétextes pour faire sur les routes des Maures de plus fréquentes incursions.

Maurin fut prévenu par M. Rinal, qu’avait prévenu M. Cabissol. Rendez-vous fut pris chez M. Rinal entre ces trois personnages.

— Vous êtes incorrigible, Maurin, dit Cabissol, mais vous suivez votre nature et il serait un peu ridicule d’insister. Cependant, tâchez, nous vous en prions, de vous résister un peu à vous-même. Surtout, évitez plus que jamais la rencontre des gendarmes. Ne faites pas quelque sottise qui achèverait de vous mettre à dos les pouvoirs constitués. Cette alerte passera comme le reste. En attendant, les élections approchent et je suis chargé de vous prier : premièrement de préparer çà et là, au hasard de vos promenades, la candidature Vérignon ; deuxièmement de combattre celle du comte de Siblas qui peut nous gêner beaucoup ; troisièmement d’empêcher, s’il se peut, celle de votre ami Caboufigue.

— Caboufigue se présente ! dit Maurin suffoqué d’étonnement. Ah ! par exemple, celle-là elle empoisse !

— Il en a parlé ; il n’est pas sans influence. Il est énormément riche ; il a doté telle commune d’une fontaine Wallace, telle autre d’un buste de la République en fonte bronzée. Donc, il peut nous gêner beaucoup.

— Caboufigue se présente ! murmurait Maurin stupéfait. Ah ben ! ce n’est donc pas à Gonfaron seulement que les ânes veulent voler ! Vous pouvez compter que je parlerai à Caboufigue.

« Nous avons été pauvres ensemble quand j’avais