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MAURIN DES MAURES

— Tranchons le mot, dit M. Cabissol en riant : vous l’aimiez !

— Oh ! dit Maurin évasivement, moi, vous savez, depuis mon enfance, je les ai toujours aimées toutes ! Je la regardais comme une sainte Vierge dans un oratoire. Je la menais en barque. C’était un beau temps… Mais passez-moi la plume. Je vais lui mettre un peu de signature.

Il prit la plume gauchement :

— C’est moins lourd qu’un calibre douze ! dit-il et il signa maladroitement : « Maurin des Maures. »

Huit jours plus tard les promotions de janvier paraissaient à l’Officiel, par ordre alphabétique.

— Chevaliers de la Légion d’honneur :

« Alexandre-Marius-Attila-César Caboufigue, armateur et explorateur, services exceptionnels.

— Sacrebleu ! dit en riant le préfet à Cabissol, si j’avais su que ça n’était pas une plaisanterie, j’aurais préféré sérieusement employer pour moi-même le crédit de Maurin ; je serais officier !

Quant à Maurin, il se dit simplement :

— Je l’aurais parié, mais ça ne me flatte guère, pourquoi je devine qu’elle a eu peur que je parle trop, la petite coquinette ! Et ça m’offense !

Et quand M. Cabissol lui fit remarquer les mots « services exceptionnels » :

— Je le crois bien, dit-il, tout le monde n’élève pas des crocodiles !

Il s’en alla, l’Officiel à la main, annoncer la nouvelle énorme à Caboufigue. Cabissol, toujours curieux, avait demandé à être de la partie. Ils frétèrent une embarcation au Lavandou, et en route pour Porquerolles !