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MAURIN DES MAURES

— Tu m’as promis, dit Maurin à Caboufigue, de renoncer à toute candidature si tu étais décoré ?

— C’est entendu, confirma Caboufigue.

— Monsieur est venu pour témoin, dit Maurin, et tu vas nous écrire une lettre qui t’engage un peu comme il faut, à ne pas être candidat à la députation.

Cabissol sortit de sa poche la lettre qui était toute préparée.

— Mais qui me garantira ?

— Notre parole. Signe !

Caboufigue effaré, décontenancé, signa.

— Alors, voici, dit Maurin, la chose que je t’ai promise.

Et tirant de sa poche un ruban rouge dont il s’était muni, il l’attacha gravement à la boutonnière de Caboufigue.

— Je comprends la plaisanterie, dit Caboufigue, mais si jamais la chose devient véritable, il ne sera pas nécessaire d’en apporter une. J’en ai acheté deux douzaines. On ne sait jamais ce qui peut arriver.

— Quand je te dis que tu l’es ! Regarde !

Il lui tendit l’Officiel.

Caboufigue prit le journal d’une main tremblante et ne parvint que péniblement à le lire. Étonné, congestionné, il sonna ses gens et se fit faire du tilleul.

En Provence, toutes les émotions les plus diverses n’ont qu’un même cri : « Vite ! du tilleul ! » Si le feu prend à la maison, avant même de demander l’eau pour l’éteindre, les commères s’écrient : « Vite, vite, du tilleul ! qu’il y a le feu ! »

Caboufigue, après avoir demandé du tilleul, songea à appeler sa femme : « Mélia ! Mélia ! » Il perdait la tête.