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MAURIN DES MAURES

— On a beau ne pas la mériter, prononça Maurin, ça fait toujours plaisir !

Enfin, oubliant grâce à quelle humble influence il obtenait cette distinction inouïe, convaincu de ses mérites, ému par la grandeur cachée du symbole, Caboufigue parla en ces termes, d’une voix tremblante, quand toute sa maison fut rassemblée devant lui :

— Certainement… la République s’honore… en couvrant de cette distinction purement honorifique… un homme qui n’a jamais rien demandé à personne… que l’honneur… que l’honneur… de contribuer pour sa part à la prospérité de son pays, par le commerce des blés et l’exploitation des alligators, comme aussi par le don gratuit et généreux que j’ai fait à diverses communes de statues et de fontaines, dans une région où l’art et l’eau potable sont, comme on le sait, assez rares…

Maurin l’interrompit :

— Ne te fatigue pas !… Vive la République !

Et à l’oreille de Cabissol :

— Ça le réhabilite !

Caboufigue demanda à revoir sa lettre de désistement à la candidature de député… Il la relut avec douleur…

Mais les engagements ne sont pas éternels… il n’avait pas promis pour la législature suivante… Et, tout gonflé de mille émotions diverses, il se prit tout à coup à pleurer de vraies larmes.

— Si ça te fait tant de peine que ça, affirma Maurin, tu sais, ça peut se rendre. D’abord, tu n’as qu’à avouer toutes tes vérités et tu te redéshonores. Si tu veux qu’on te la reprenne ; tu n’as qu’à dire comment tu l’as obtenue.