Page:Aimard, Auriac - Le Mangeur de poudre.djvu/152

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çant la terre. Sous l’âpre haleine des rafales, les feuilles arrachées voletaient en l’air comme des oiseaux malades, puis retombaient en pluie jaune ou rougeâtre, et s’abattaient sur le sol avec un bruissement sec et désolé. On eût dit le frisson de la terre à l’approche des mauvais jours. Elle aussi, semblait animée de triste pressentiments. De grands oiseaux voyageurs glissaient dans l’atmosphère grise, tantôt silencieux, tantôt jetant un cri lugubre et bref, auquel les volatiles captifs des habitations répondaient par une clameur inquiète ou un lourd battement d’ailes.

Peu d’instant avant l’arrivée de Charles, on se mit à table pour déjeûner. Le vieux Sedley toujours hagard et muet, promenait au hasard ses yeux vitreux et mangeait à peine ; son visage pâle et défait attestait les angoisses d’une nuit entière passée dans l’insomnie.

Lucy était un peu revenue des horribles émotions de la veille ; mais, toujours abattue et lan-