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LA FIÈVRE D’OR.

d’une voix parfaitement calme ; vous n’avez pas l’habitude de cette chasse, et, sans le vouloir, vous risqueriez de gâter la peau ce qui serait dommage, car, vous le voyez, elle est magnifique.

Alors don Sébastian laissa tomber son fusil, prit un pistolet dans ses fontes, et, éperonnant son cheval en même temps qu’il lui retenait la bride, il le fit se cabrer.

L’animal se dressa presque debout sur ses pieds de derrière en renâclant avec force ; tout à coup le cougouar bondit en avant avec un rugissement terrible ; le jeune homme appuya les genoux à son cheval, qui se jeta de côté pendant que don Sébastian lâchait la détente du pistolet.

Le monstre roula sur le sol dans les convulsions de l’agonie.

Cuerpo de Cristo ! s’écria le capitaine, vous l’avez tué net. C’est égal, muchacho, tu jouais gros jeu !

— Bah ! répondit-il en mettant pied à terre ; ce n’est pas aussi difficile que vous le croyez, il ne faut que l’habitude.

— Hum ! et de l’habileté pour tuer au vol, pour ainsi dire, un pareil animal. La balle lui est entré dans l’œil.

— Oui. C’est ordinairement là qu’on les tire, afin de ne pas gâter la peau.

— Ah ! eh bien ! moi, qui ai la prétention d’être bon tireur cependant, je ne me chargerais pas d’en faire autant.

— Vous vous calomniez.

— C’est possible.

— Ce pauvre Pépé, mon tigrero, perd à cela sa