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LA FIÈVRE D’OR.

les troupes mexicaines et à qui don Miguel de Zarate s’est rendu[1] ?

— Oui.

— Eh ! mais, c’est un rude et loyal soldat alors, il a noblement tenu la parole qu’il avait donnée à notre ami, je ne puis lui en vouloir.

— C’est un traître !

— À votre point de vue, chef, c’est possible, mais pas au mien. C’est vrai, je me le rappelle parfaitement maintenant, le général Guerrero, pardieu ! Ce pauvre général Ibañez m’en a bien souvent parlé ; il ne l’aimait pas non plus, lui. Cette coïncidence est étrange ! Bon, ne craignez rien, chef, je veillerai, ami ou ennemi cet homme ne m’a jamais vu ; il ne sait pas qui je suis ; j’ai donc sur lui un grand avantage, puisque, moi, je le connais. Merci, chef.

— Mon frère est content ?

— Vous m’avez rendu un immense service tout simplement, chef ; jugez si je suis content.

Curumilla sourit.

— Ooah ! fit-il, tant mieux.

— Oui, chef, tant mieux, et déjeunons ; je me sens un appétit féroce depuis que, grâce à vous, je commence à voir un peu clair dans tout ce gâchis.

Curumilla et don Cornelio avaient dans leur cuarto préparé leur frugal repas, composé de haricots rouges au piment, de quelques varas de viande séchée et de tortillas de maïs, le tout humecté de pulque d’aloès de première qualité, et de quelques tragos d’excellent refino de Catalogne.

  1. Voir le Chercheur de Pistes, 1 vol., Amyot, éditeur, 8, rue de la Paix.