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LA FIÈVRE D’OR.

Les trois amis mangèrent de bon appétit, et ils se préparaient à allumer leurs cigares, corollaire obligé de tout repas américain, lorsqu’ils entendirent frapper discrètement à la porte, qui n’était que poussée.

— Entrez, dit Valentin.

Un criado parut ; après avoir salué poliment l’assistance.

— Mon maître, Son Excellence le général don Sebastian Guerrero, dit-il, présente ses civilités aux caballeros ici réunis, et désire que le señor don Cornelio et le señor don Luis le favorisent d’une minute d’entretien, si leurs occupations le leur permettent.

— Dites à Son Exellence, répondit Valentin, que nous allons avoir l’honneur de nous rendre à ses ordres.

Le domestique salua et se retira.

— Mais vous savez bien, señor, dit alors don Cornelio, que don Luis est absent.

— Qu’importe, ne suis-je pas là, moi ?

— C’est vrai, mais…

— Laissez-moi faire, interrompit vivement le chasseur, je réponds de tout.

— Fort bien ! agissez à votre guise.

— Rapportez-vous en à moi. ; qu’est-ce que cela fait à cet homme que ce soit don Luis ou un autre qui traite avec lui, pourvu que le ganado soit jeune, vigoureux et bon marché ?

— C’est juste, cela lui doit être égal.

— Pardieu ! Allons, venez, vous verrez comme je terminerai avantageusement cette affaire-là.

Et il sortit.

Don Cornelio le suivit l’oreille un peu basse, car il n’était pas entièrement convaincu.