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LA FIÈVRE D’OR.

général, et qui, tout en reconnaissant les difficultés presqu’insurmontables qui s’opposent à la réussite de ses nobles projets, espère parvenir à les vaincre à force de courage, de persévérance et d’abnégation.

Ce que le comte déploya d’énergie, de patience, et surtout d’intelligence pendant les deux mois qui s’étaient écoulés depuis sa séparation, à San-José, d’avec Valentin, nul, si ce n’est lui, n’aurait pu le dire.

Une des clauses de son contrat avec le gouvernement soupçonneux et tracassier du Mexique l’obligeait à ne pas emmener avec lui plus de trois cents hommes.

Le président de la République, — c’était alors le général Arista, — redoutait sans doute l’envahissement et la conquête du Mexique par les Français, s’ils eussent été quatre cents.

Ces taquineries misérables sont tellement ridicules qu’elles seraient incroyables si elles n’étaient rigoureusement vraies ; nous pourrions, si cela nous plaisait, écrire ici les paroles prononcées en plein sénat de Mexico, où cette crainte d’envahissement est catégoriquement exprimée.

Le comte, afin de dissiper tous les doutes à cet égard, et surtout pour ne pas éveiller les soupçons, résolut, au lieu de trois cents hommes, de n’en emmener que deux cent soixante.

Mais cette compagnie de deux cent soixante hommes, destinée à traverser des pays fourmillant d’ennemis acharnés ; obligée, pendant ce trajet, de livrer peut-être combat plusieurs fois par jour ; contrainte, dans des contrées désolées, de se suffire à elle-même, sans avoir à espérer secours de