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LA FIÈVRE D’OR.

nulle part, devait recevoir une organisation forte.

Ce fut à quoi le comte songea d’abord.

Les personnes qui n’ont jamais porté ce lourd harnais nommé habit militaire ne pourront se faire une idée, même lointaine, des mille et mille difficultés de détail qui se rencontrent à chaque pas dans l’organisation complète d’une compagnie, afin que le service se fasse bien et que le soldat ne souffre pas inutilement.

Le comte fut obligé d’improviser. Jamais il n’avait servi et ne se doutait nullement de ce que c’est qu’une tâche comme celle-là ; mais il était gentilhomme et Français, deux raisons pour inventer ce qu’on ignore, lorsqu’il s’agit de guerre ; l’esprit militaire est tellement inné dans notre nation, que nous pouvons dire avec orgueil que chez nous tout homme est soldat. Du reste, Louis le prouva d’une façon irrécusable.

Obligé de tout prévoir, de parer à toutes les éventualités, il fit face à tout, et en voyant la façon dont il installait chaque chose, ses hommes, tous anciens soldats et connaisseurs en pareille matière, furent convaincus que leur chef n’en était pas à son coup d’essai, et qu’il avait une longue habitude de l’état militaire. Cependant il n’en était rien ; mais le génie du comte avait suppléé en lui à ce qui lui manquait du côté de l’expérience.

Il fit de sa compagnie de deux cent soixante hommes une véritable armée, c’est-à-dire qu’elle eut infanterie, cavalerie et artillerie.

Afin que la surveillance fût plus facile à exercer et que la discipline fût plus forte, l’infanterie fut divisée en sections commandées par des officiers