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LA FIÈVRE D’OR.

résistance au chasseur, et que ce ne fut que de guerre lasse et vaincu par la force qu’il consentit à quitter le lit où il dormait si bien et à se lever. Enfin, lorsque Valentin fut parvenu, moitié par persuasion, moitié en le portant presque, à le mettre à cheval et à le confier à Curumilla, il rentra dans la salle où il avait laissé son frère de lait.

Les lettres étaient terminées.

Valentin les prit.

— Maintenant, frère, dit-il, au revoir et bonne chance !

Les deux hommes se tinrent longtemps et affectueusement embrassés.

Louis connaissait trop bien le chasseur pour essayer de le faire consentir à prendre quelques heures de repos. Il l’accompagna jusqu’à la porte ; arrivés là, les quatre hommes échangèrent un dernier adieu, puis, sur un signe de Valentin, les chevaux partirent à fond de train.

Ils ne tardèrent pas à disparaître dans la nuit mais le bruit de leurs pas résonna assez longtemps sur la terre durcie.

Louis demeura immobile sur le seuil de la porte tant que le moindre bruit de cette course arriva à ses oreilles, puis il rentra en murmurant :

— Il faudrait être maudit de Dieu, pour ne pas réussir avec des amis aussi dévoués.

Le comte travailla toute la nuit, sans songer à prendre une seconde de repos.

Le soleil était haut déjà sur l’horizon que Louis, toujours courbé sur la table devant laquelle il était assis, entassait encore chiffres sur chiffres.

La porte de la chambre s’ouvrit, et le personnage