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LA FIÈVRE D’OR.

que nous avons vu la veille causer intimement avec le comte entra.

Louis se retourna au bruit ; en reconnaissant le visiteur un sourire dérida son visage austère.

— Soyez le bienvenu, monsieur le consul, dit-il gaiement, en lui tendant une main que celui-ci serra, vous ne pouviez arriver dans un meilleur moment ; venez-vous me demander à déjeuner ?

— Ma foi, oui, mon cher comte, d’autant plus que j’ai à causer sérieusement avec vous.

— Tant mieux alors, je vous conserverai plus longtemps ; prenez un siége ; veuillez m’excuser de me laisser surprendre ainsi, mais j’ai passé la nuit à mettre en ordre toutes ces paperasses. Le diable soit de celui qui a inventé l’écriture et la comptabilité.

Le consul, car ce personnage n’était autre que le représentant de la France en Californie, s’assit en souriant, et sur l’ordre du comte, un appétissant déjeuner fut servi presque instantanément.

Les deux convives se placèrent en face l’un de l’autre, et commencèrent une attaque vigoureuse contre les mets étalés sur la table :

— Eh bien ! demanda Louis au bout d’un instant, quelles nouvelles ?

— Mauvaises, répondit le consul.

— Ah ! ah ! ce brave Jonathan[1] crie, n’est-ce pas ?

— Plus fort que jamais.

— Voyez-vous cela ! et pourquoi, s’il vous plaît ?

— Vous devez vous en douter.

  1. Surnom donné aux Américains du Nord.