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LA FIÈVRE D’OR.

reprocherait, si nous le passions sous silence, de ne pas être vrai et d’avoir reculé devant la tâche que nous nous sommes imposée en écrivant cette histoire, et dont, par un sentiment qu’on appréciera, nous avons seulement changé les noms.

Cependant à Guaymas on attendait impatiemment l’arrivée de la compagnie française.

Les bruits les plus absurdes et les plus contradictoires couraient sur elle, sur son chef et sur le but de l’expédition.

Comme toujours, partout et en tout temps, c’étaient les bruits les plus absurdes qui obtenaient la plus grande et la plus ferme créance.

Déjà même avant l’arrivée des Français la malveillance veillait dans l’ombre et cherchait sourdement à exciter les mauvais instincts de la population sonorienne contre nos compatriotes.

Ce que le colonel Florès avait dit dans sa conversation avec don Antonio Pavo était vrai de tout point ; à peine l’organisation de la société Atrevida était-elle terminée en Californie, que deux maisons américaines de San-Francisco, comprenant parfaitement les avantages de cette entreprise, dans laquelle, pour des raisons que nous tairons pour leur honneur, on n’avait pas voulu les admettre, avaient fondé traîtreusement une compagnie rivale destinée à entraver par tous les moyens, même les moins honnêtes, les opérations de son aînée.

La haine ne dort pas ; l’affaire marcha rapidement, si rapidement même, que la seconde société avait déjà toutes ses batteries prêtes à jouer efficacement, que la compagnie française n’avait pas encore quitté San-Francisco.