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LA FIÈVRE D’OR.

un ordre admirable dans les chaloupes amenées du port pour les recevoir, les bagages furent placés sur les chalands, et au commandement de : Pousse ! articulé d’une voix ferme par le comte, la petite flotille déborda du navire et s’avança en bon ordre vers le rivage, aux acclamations de la foule entassée sur la grève et au bruit de toutes les cloches de la ville sonnant à grande volée, en signe de réjouissance.



XVIII

LES PREMIERS JOURS.

Il aurait fallu être essentiellement pessimiste ou connaître bien à fond le caractère mexicain pour redouter une trahison en voyant la chaude réception faite aux Français par les habitants de Guaymas.

C’était un enthousiasme, un délire, qui ne se peuvent décrire.

Leperos, rancheros, campesinos, vaqueros, riches hacienderos, tous se pressaient autour des Français et se disputaient pour leur faire fête.

On aurait dit que cette petite troupe d’aventuriers, qui ne faisait pourtant que passer en cette ville, apportait à la Sonora la paix, la tranquillité, la liberté, enfin toutes les choses qui manquent aux Mexicains, et après lesquelles ils soupirent vainement.

Les cris de : Viva los Franceses ! viva el conde ! éclataient de toutes parts avec un bruit assourdissant.