Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/242

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langue collée au palais, tant j’ai avalé de poussière.

Cuerpo de Dios ! dit Andrès en allant chercher parmi plusieurs outres, rangées avec symétrie sur une espèce de comptoir, une bouteille qu’il posa devant les voyageurs ; faites attention à cela, señor padre, cela est sérieux, on risque d’en mourir, caraï !

— Donnez-moi donc le remède alors, bavard, répondit le moine en tendant son verre.

Le mezcal, versé à pleins bords, fut absorbé d’un trait par les trois hommes, qui reposèrent leurs verres sur la table avec un hum de satisfaction et ce claquement de langue particulier aux buveurs lorsqu’ils dégustent quelque chose qui leur gratte agréablement le gosier.

— Et maintenant, causons sérieusement, voulez-vous ? dit le Cèdre-Rouge.

— À vos ordres ! señores caballeros, répondit Andrès ; cependant, si vous préfériez tailler un monté, vous savez que j’ai des cartes à votre disposition.

— Plus tard, señor Andrès, plus tard, chaque chose aura son temps ; réglons d’abord nos petites affaires, observa judicieusement Fray Ambrosio.

Andrès Garote baissa la tête avec résignation, en renfonçant dans sa poche le jeu qu’il en avait déjà tiré à demi ; les trois hommes s’accommodèrent le plus confortablement possible, et le Cèdre-Rouge, après avoir jeté un regard soupçonneux autour de lui, prit enfin la parole.

— Vous savez, caballeros, dit-il, comment, lorsque nous pensions n’avoir plus qu’à nous diriger vers l’Apacheria, la désertion subite de presque tous nos gambusinos est venue tout à coup nous arrêter. La position était des plus critiques pour nous, l’enlève-