Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/243

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ment de doña Clara nous obligeait à prendre des précautions extrêmes.

— C’est vrai, observa Andrès Garote avec conviction.

— Bien que certaines personnes influentes nous protégent sous le manteau, nous devons, autant que possible, nous tenir dans l’ombre, continua le Cèdre-Rouge ; j’ai donc cherché à remédier à ce que le cas avait de plus grave : d’abord la jeune fille a été cachée dans une retraite inaccessible, puis je me suis mis en quête de compagnons pour remplacer ceux qui nous ont si brusquement abandonnés.

— En bien ! demandèrent vivement les deux hommes.

— En ce moment, dit impassiblement le Cèdre-Rouge, où les placeres de la Californie enlèvent tous les hommes du métier, ce n’était pas, certes, chose facile que de réunir une centaine d’hommes comme ceux qu’il nous faut, d’autant plus que nous aurons maille à partir avec les Indios bravos sur notre route. Je ne me souciais pas d’enrôler des novices qui, à la vue des premiers sauvages Apaches ou Comanches, se sauveraient avec épouvante en nous abandonnant au milieu des prairies. Ce que je voulais, c’était des hommes résolus, que nulle fatigue ne dégoûterait, et qui, une fois attachés à notre entreprise, la suivraient jusqu’au bout : j’ai donc depuis un mois parcouru tous les anciens presidios de la frontière ; le diable m’est assez bien venu en aide ; aujourd’hui le mal est réparé, la troupe est complète.

— J’espère, Cèdre-Rouge, demanda Fray Ambrosio, que vous n’avez pas parlé de placer à vos hommes ?

— Me prenez-vous pour un niais ? Non, padre, répondit brusquement le squatter, non ! non ! Cent