Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/396

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était, quant aux meubles, une véritable cellule de chartreux.

Tout le mobilier se composait d’un cadre de bois blanc monté sur quatre pieds, sur lequel était tendu un cuir de bœuf, et qui servait de lit au missionnaire ; une butaque et un prie-Dieu, au-dessus duquel un crucifix en cuivre était attaché au mur, blanchi à la chaux.

Mais, de même que toutes les cellules, cette misérable habitation était d’une propreté claustrale.

À quelques clous étaient pendus les habits usés du pauvre prêtre, et une planche supportait des fioles et des flacons qui, sans doute, renfermaient des médicaments ; car, ainsi que tous les missionnaires, le père Séraphin possédait des connaissances sommaires en médecine ; il était en même temps, pour ses néophytes, le médecin de l’âme et celui du corps.

Toute pauvre et toute délabrée qu’elle était, cette chambre exhalait un parfum de chasteté qui inspirait à ceux auxquels le hasard procurait l’occasion d’y pénétrer un respect involontaire.

Le père Séraphin alluma une chandelle de suif jaune, fichée dans un chandelier en fer, et, aidé par don Pablo, il déposa le blessé sur son lit.

Don Pablo se laissa aller sur la butaque afin de reprendre haleine.

Le père Séraphin, sur lequel, malgré son apparence débile, la fatigue semblait ne pas avoir de prise, sortit pour aller fermer la porte de la rue, qu’il avait laissée ouverte.

Au moment où il la poussait, la porte fut repoussée en sens contraire par un homme qui entra dans le patio où se trouvait le missionnaire.